jeudi 15 septembre 2016

Un rapport préconise de créer des passerelles entre sports scolaire et extrascolaire

Le moment était parfaitement choisi : ce 14 septembre, Journée du sport scolaire, les députés Pascal Deguilhem et Régis Juanico ont remis leur rapport intitulé "Le sport de l'école à l'université" à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur, à Patrick Kanner ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et à Thierry Braillard, secrétaire d'Etat aux Sports. Le but de ce travail : faire des propositions au gouvernement afin de "promouvoir l'activité physique et sportive pour tous et tout au long de la vie". Autrement dit, créer des passerelles entre sports scolaire, universitaire et associatif, car, comme l'écrivent les rapporteurs, "dans son rythme [annuel], un enfant passe 1.000 heures à l'école et dispose de 2.000 heures de loisirs".
Au terme de ses travaux, la mission formule 54 préconisations autour de quatre grands enjeux : la continuité d'une pratique physique et sportive pour les élèves et étudiants favorisant la complémentarité des temps scolaire, périscolaire, extrascolaire et un style de vie "actif" tout au long de la vie ; la diversification des pratiques et de l'adéquation de l'offre d'activités physiques et sportives aux besoins et motivations des publics cibles ; l'équité d'accès aux pratiques physiques et sportives, notamment pour ceux qui en sont les plus éloignés ; la formation des acteurs du sport et de la mutualisation de leurs expertises (lire notre encadré ci-dessous).
Dès le sous-titre de leur rapport, les auteurs rappellent qu'il s'agit là d'"enjeux partagés dans et hors de l'école". D'où la place importante des collectivités territoriales tout au long des 196 pages du document, et particulièrement à travers les points portant sur les projets éducatifs territoriaux (PEDT), le Centre national pour le développement du sport (CNDS) et les conseils locaux des activités physiques et sportives (Claps).

Les collectivités au cœur du dispositif

Alors que les activités physiques et sportives représentent 30% des nouvelles activités périscolaires (NAP), les PEDT sont, pour les rapporteurs "une opportunité à saisir pour les collectivités territoriales et le mouvement sportif". Mais il y a des conditions à cette réussite : la gratuité, des durées et horaires adaptés, la proximité et la disponibilité des équipements, des activités physiques et sportives ludiques, centrées sur l'initiation, la découverte et/ou la motricité, complémentaires de l'EPS et de l'offre en club.
La mission a par ailleurs pu "constater que la question du maillage des équipements sportifs de proximité était une variable clé de la pratique sportive sur les territoires […]". Elle souhaite donc garantir les possibilités de cofinancements de ces installations à travers les ressources financières exceptionnelles comme celles du CNDS, mais aussi les ressources de droit commun : dotations d'équipement des territoires ruraux (DETR), éligibles depuis 2016 aux équipements sportifs, Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville, fonds d'investissement local, Banque publique d'investissement et/ou Caisse des Dépôts.

Interventions du CNDS : revenir à plus de proximité

Pour ce qui est du CNDS, la mission propose de consolider ses ressources, aujourd'hui "recentrées sur les équipements structurants", dans deux directions. D'une part par la prolongation au-delà de 2017 du prélèvement exceptionnel de 0,3% sur les mises de la Française des jeux (25 millions d'euros par an) qui a servi au financement des stades de l'Euro 2016 afin de créer un fonds d'accompagnement des clubs pour l'accueil des nouveaux licenciés (consolidation des emplois sportifs, équipements de proximité, etc.). D'autre part, par le déplafonnement des ressources affectées au CNDS issues du prélèvement de 1,8% sur les mises des paris sportifs (30 millions d'euros) dont la croissance est forte.
Enfin, la mission considère que l'autre enjeu fondamental est "la concertation des acteurs au niveau local, en particulier sur la cohérence de l'offre d'activités et sur l'utilisation des équipements sportifs". C'est pourquoi elle propose la création d'un conseil local des activités physiques et sportives (Claps). Il s'agirait d'une instance de concertation et de coordination des acteurs au niveau local "de nature à améliorer significativement la gouvernance territoriale sur la cohérence de l'offre d'activités et sur l'utilisation des équipements sportifs".
Pascal Deguilhem et Régis Juanico précisent encore qu'ils souhaitent l'installation d'un comité de suivi de la mise en oeuvre de leurs préconisations. Fortement impliqués dans les politiques sportives et déjà auteurs de nombreux rapports pas toujours suivis d'effets, ils aimeraient cette fois que leur essai soit transformé…
Jean Damien Lesay
 
Publié le 15/9/2016
 
A voir  : l'article sur le site du Député JUANICO

jeudi 8 septembre 2016

Rythmes scolaires. La Peep veut une amélioration mais pas l'abrogation

  • Plus de sept parents sur dix considèrent que les nouveaux rythmes ne sont pas adaptés à la maternelle.
    Plus de sept parents sur dix considèrent que les nouveaux rythmes ne sont pas adaptés à la maternelle. | Fotolia
« Certains candidats (à la primaire de droite, ndlr) parlaient d'abrogation » de la réforme des rythmes, « mais on ne peut pas revenir » en arrière, a estimé Valérie Marty, présidente de la Peep. « C'est irréaliste », a-t-elle jugé, prônant une amélioration du dispositif, en repensant les horaires par exemple.
Cette réforme décidée en 2013 par Vincent Peillon, alors ministre de l'Education, a été mise en oeuvre en deux ans (rentrées 2013 et 2014) et a suscité nombre de polémiques.
« On s'est plus attaché à remplir un agenda mais on n'a pas tellement réfléchi à ce qu'on allait faire dans la classe », a déclaré la présidente de la Peep. « Les enseignants se sont retrouvés avec des après-midis trop courts pour faire des choses ».
Comme à chaque rentrée, la Peep a adressé un questionnaire à ses 200 000 adhérents. Parmi les 6 182 qui ont répondu entre le 1er septembre, jour de la rentrée, et le 5, quelque 88 % estiment que la rentrée s'est déroulée de manière satisfaisante.

Pour 40 % des parents, les activités ne sont pas de qualité

Mais parmi le petit tiers des répondants ayant un enfant en primaire, près de huit parents sur dix estiment que le nouvel aménagement du temps scolaire n'a pas bénéficié aux apprentissages de leur enfant. « L'objectif affiché » de la réforme « est un échec, pour les parents », a jugé Valérie Marty.
Les deux-tiers de parents d'enfants en primaire n'ont en revanche pas eu plus de difficultés à rencontrer les enseignants avec les nouveaux emplois du temps. « C'est une bonne nouvelle, l'école et les parents se sont adaptés à la réforme pour garder le lien », a-t-elle salué.
Plus de sept parents sur dix considèrent que les nouveaux rythmes ne sont pas adaptés à la maternelle. Concernant les activités périscolaires, 55% des répondants indiquent qu'elles ne sont pas gratuites dans leur commune et 40% estiment qu'elles ne sont pas de qualité.
 
Publié le

jeudi 26 mai 2016

Une réforme en chasse une autre !

Après l'école primaire et les rythmes scolaires, c'est au tour du collège d'être l'objet de toute l'attention du Gouvernement !

Et là encore des disparités, pour ne pas dire des inégalités, sont à déplorer !

Vous trouverez ci-dessous des infos sur une initiative locale pour faire réagir le DASEN de notre circonscription !

Que vos enfants soient ou non scolarisés dans cet établissement, n'hésitez pas à les contacter pour comprendre les enjeux.

mercredi 25 mai 2016

Rythmes scolaires : Françoise Cartron invite les intercommunalités à gérer les TAP des écoles rurales...

Pour la sénatrice Françoise Cartron, le pilotage à l'échelle intercommunale des projets éducatifs territoriaux (PEDT) - et donc des temps d'activités périscolaires (TAP) - est aujourd'hui "une évidence". C'est le premier enseignement de la vaste enquête menée durant six mois pour nourrir son rapport sur l'application des rythmes scolaires dans les écoles rurales, remis le 20 mai au Premier ministre, dans le cadre du comité interministériel aux ruralités. Le deuxième enseignement est que les activités proposées sont d'aussi bonne qualité qu'en ville. Et même plus ! Pour Françoise Cartron, pas de doute : le bonheur des TAP est dans les prés. Une vision idyllique que les représentants des maires ruraux ne manqueront pas de nuancer...
 
Le comité interministériel aux ruralités qui s'est tenu le 20 mai 2016 à Privas n'a retenu que deux des 25 préconisations formulées par la sénatrice Françoise Cartron dans son rapport remis ce jour-là sur l'application des rythmes scolaires dans les écoles rurales et intitulé "Une réforme dans le rythme : vers une nouvelle étape qualitative".
Pour "aider les communes rurales à développer des activités périscolaires de qualité", le comité annonce que "l'accompagnement des élus sera renforcé dans la durée". On peut imaginer que le gouvernement reprendra l'idée de la sénatrice de Gironde consistant à mobiliser les groupes d'appui départemental (GAD) sur trois missions : renforcer la collaboration sur des formations croisées enseignants/animateurs "qui répondent aux besoins des territoires" ; réaliser dans chaque département un bilan quantitatif et qualitatif de la réforme ; accompagner les communes dans leur démarche d'évaluation. Françoise Cartron souhaiterait également que ces GAD deviennent de véritables plateformes de ressources proposant des TAP presque clés en main, de qualité, pour renouveler l'offre d'activités.

La pérennisation du décret Hamon déjà dans les tuyaux

Un petit effort de communication serait sans doute nécessaire, sachant que pour l'heure, moins de 20% des élus ruraux interrogés connaissent l'existence de ces groupes qui pourtant "rassemblent toutes les ressources et compétences susceptibles d'aider les communes à concevoir, formaliser et mettre en œuvre leur projet éducatif territorial", selon la circulaire "PEDT" du 19 décembre 2014 (voir notre article ci-contre du 7 janvier 2015). Composés par le préfet et le recteur, les GAD sont censés regrouper des collectivités, des associations adhérentes au Cape (Collectif des associations partenaires de l'école), des associations de jeunesse et d'éducation populaire, des représentants des fédérations sportives...
Pour "aider les communes rurales à développer des activités périscolaires de qualité", le comité s'engage sur un second point : "pour l'année scolaire 2016-2017 et au-delà, les possibilités d'adaptation prévues pour la réforme des rythmes scolaires de manière expérimentale en 2013 et 2014 (taux d'encadrement des activités périscolaires, organisation de temps scolaires dérogatoires) seront pérennisées". Autrement dit, il confirme que le décret Hamon sera bien pérennisé ainsi que les dérogations aux temps d'encadrement. Cela pourrait aller vite, les deux projets de décrets étant déjà dans les tuyaux (voir notre article ci-contre du 23 mars 2016). C'était la proposition 20 de Françoise Cartron.
Les autres préconisations de son rapport ne sont pas pour autant perdues. Le comité assure que "les ministres chargés de l'Education nationale et de la Jeunesse, en lien avec les différents acteurs de la réforme, présenteront, avant la fin de l'année scolaire 2015-2016, les mesures prises pour (les) mettre en œuvre".

De la conception à l'ingénierie

On devrait donc, une fois de plus, voir l'intercommunalité élevée au rang de pilote idéal, cette fois-ci pour la gestion des TAP. "L'intercommunalité est le bon niveau pour piloter le PEDT, de la conception à l'ingénierie, et le décliner ensuite commune par commune", est convaincue Françoise Cartron après avoir auditionné les associations nationales d'élus et avoir rencontré, sur le terrain, près de 150 maires ruraux dans 12 départements différents (*). C'est désormais pour elle "une évidence, ne serait-ce que pour partager et faire tourner les animateurs d'une école à l'autre". Une rotation facilitée par le décret Hamon, insiste-t-elle, dans la mesure où celui-ci permet de déplacer les animateurs pour des tranches horaires de trois heures (soit une intervention par jour dans une seule école).
Et la perspective de communautés de communes à 15.000 habitants ne l'effraie pas. Mieux : "cette réforme a fait prendre conscience de l'intérêt de l'intercommunalité à certains maires qui jusque-là n'étaient pas forcément convaincus". A l'origine, il y a eu le "besoin de se regrouper pour rédiger un projet qui tienne la route", surtout dans les (nombreuses) communes où les enseignants n'ont pas été moteurs et accompagnateurs de la réforme des rythmes scolaires et où les maires se sont retrouvés démunis.
Et puis, la réforme a bousculé l'ensemble des services d'accueil hors scolaire et périscolaire existants (petites vacances, accueil du mercredi, pause méridienne, garderie…). Le PEDT, qui a justement vocation à embrasser tous les temps de l'enfant et à les articuler, s'est avéré le bon instrument pour tout remettre à plat. Et l'intercommunalité est la bonne échelle pour "donner du sens aux prestations délivrées" sur un territoire suffisamment grand pour permettre d'offrir, par exemple, une politique sportive aux enfants.

Stabiliser les contrats de travail des animateurs

L'échelle intercommunale permet également de stabiliser et de renforcer les contrats de travail en établissant un lien avec des structures qui recrutent des professionnels de l'animation pour un public plus large que celui de l'école : CCAS, Ephad, espaces services… Cette recommandation de Françoise Cartron s'appuie sur l'expérience du groupement d'employeurs de la communauté de communes du Val-de-Boutonne dans les Deux-Sèvres, dont les six salariés à temps plein interviennent à la fois en Ehpad, dans les TAP, dans des associations sportives et dans une maison familiale rurale (MFR).
Plus simplement, l'intercommunalité peut développer une procédure de candidature et de recrutement unique gérée par un coordinateur "PEDT". Elle peut aussi se payer un animateur très qualifié qui viendrait, dans une logique de mutualisation, "soutenir et guider les autres" ainsi que les bénévoles.
A citer également, parmi les préconisations du rapport, celle d'"engager les départements à faire preuve d'une démarche volontariste en matière d'accompagnement des communes sur les transports d'enfants". Ou encore l'idée de "valoriser l'engagement des communes à travers la mise en place d'un label".

Eradiquer le complexe du scoubidou

Car la toute première préconisation de Françoise Cartron, c'est de "déconstruire le discours de l'atelier idéal" qui a selon elle fait beaucoup de mal aux élus ruraux. Une sorte de complexe ressenti par ceux que l'on soupçonnait de ne pouvoir offrir que des "ateliers scoubidous" pour reprendre une expression adressée à Najat Vallaud-Belkacem pour son premier congrès des maires (voir notre article du 27 novembre 2014). "L'offre est différente mais pas de moindre qualité", estime Françoise Cartron, qui fut rappelons-le rapporteure de la mission commune d'information sur la réforme des rythmes scolaires (son rapport, fait exceptionnel, n'avait pas été approuvé par la majorité de ses collègues jugeant son enthousiasme décalé des réalités - voir notre article du 15 mai 2014).
"Les balles aux prisonniers, les kaplas, les jeux de sociétés… ça peut paraître moins noble", convient aujourd'hui Françoise Cartron, mais c'est très important dans un monde où l'enfant est facilement scotché à sa tablette et pratique de ce fait moins d'activités physiques, n'est plus habitué "à la matière, au tâtonnement" et à la perception des volumes, est moins confronté au fait "de jouer avec les autres, de perdre, d'attendre son tour"…
"Les communes rurales ont misé sur ces activités qui construisent la personnalité d'un enfant", se félicite la sénatrice de Gironde. Et c'est encore mieux quand "les ateliers sont en écho avec l'identité du territoire", ajoute-t-elle, citant un atelier "échasses" dans les Landes ou cet autre conçu avec le parc naturel régional des Baronnies provençales autour de la faune et de la flore locales.

Revitaliser son centre-bourg en ouvrant l'école le samedi matin, jour de marché

A Liomer, commune de 400 habitants de la Somme, les 1001 Nuits sont à la fois le thème des TAP (décliné en atelier théâtre, atelier couture co-animé avec des mamans bénévoles…), le projet de l'école et celui du village ! A Fauville-en-Caux, le maire a choisi d'ouvrir l'école le samedi matin (et non le mercredi), parce que c'est jour de marché, dans le cadre de sa politique de revitalisation du centre-bourg.
Contrairement aux écoles urbaines où il y a "une forte pression pour avoir des animateurs qualifiés", Françoise Cartron assure qu'"en milieu rural, j'ai rencontré des gens avec des talents", et de citer après les mamans couturières de Picardie, un artiste sculpteur de Meurthe-et-Moselle… et une multitude de bénévoles, souvent animant une association identifiée dans la commune (y compris parce qu'elle en reçoit des subventions).

Le risque d'essoufflement

Malgré cet enthousiasme, Françoise Cartron voit bien une ombre au tableau : c'est "le risque d'essoufflement, de manque de renouvellement de l'offre". D'où ses 25 préconisations. Aucune ne concerne sérieusement le financement (un non-sujet selon elle), sauf pour demander une nouvelle fois que le dossier d'aides de la CAF soit simplifié, arguant que la moitié des élus ruraux y renoncent du fait de sa complexité.
Quoi qu'il en soit, aucun des maires ruraux rencontrés n'envisage de faire machine arrière, d'une part parce que les enfants et les familles sont satisfaits, d'autre part parce que "cela nous a demandé un tel travail d'organisation que l'on ne va pas de nouveau tout chambouler", lui ont-ils rapporté. Une autre raison aussi : il sera difficile de revenir sur les temps de travail de beaucoup d'agents municipaux qui, en se formant et en assumant des TAP, ont vu leur temps partiel significativement augmenter.
 
Valérie Liquet
 
(*) Son rapport a également été établi à partir du retour d'un questionnaire auquel un millier d'élus ont répondu, dont 60% de communes de moins de 2.000 habitants.
 
 
Publié le 23 mai 2016
 
 
A voir aussi :
 
Source : http://www.publicsenat.fr

mardi 3 mai 2016

Assises de la Refondation del'école


Source : Le Progrès du 2 mai 2016

A suivre en direct : http://www.education.gouv.fr/cid101550/journees-de-la-refondation-de-l-ecole-de-la-republique.html



Les Journées de la refondation de l'École de la République se déroulent les lundi 2 et mardi 3 mai au Palais Brongniart, à Paris. Au programme de ces deux journées de travail, qui réunissent près de 2 000 acteurs de l'éducation et soixante-dix intervenants, des débats et échanges autour de la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République du 8 juillet 2013 et de ses quatre piliers : la réussite scolaire pour tous, un système éducatif juste et efficace, les élèves au cœur de la refondation, des personnels formés et reconnus.
Les journées de la refondation de l'École de la République sont ouvertes lundi 2 mai à 9h30 par Vincent Peillon, Benoît Hamon et Najat Vallaud-Belkacem et clôturées mardi 3 mai par le Premier ministre Manuel Valls.

jeudi 11 février 2016

3.800 nouveaux postes d'enseignant dans les écoles, et moi, et moi, et moi ?

3.835 postes seront créés à la rentrée 2016 dans les écoles maternelles et élémentaires. Les comités techniques départementaux sont en train de déterminer où précisément. Les territoires urbains sont naturellement les grands gagnants. Dans les territoires ruraux, les conventions "ruralité" limitent temporairement les dégâts.
Le ministère de l'Education nationale avait communiqué en décembre 2015 la répartition par académie des 6.639 créations de postes d'enseignant prévues pour la rentrée 2016 (voir notre article du 11 décembre). En janvier, les comités techniques académiques (CTA) ont réparti les 3.835 postes du premier degré au niveau départemental. Aujourd'hui, les comités techniques départementaux sont en train de traduire ces dotations sur le terrain (avec déjà des contestations, voir notre encadré ci-dessous).
La carte des répartitions par département a été mise en ligne, comme chaque année, par le SNUipp-FSU sur son site internet.

Des dotations importantes dans les grands centres urbains

Le syndicat des instituteurs et professeurs des écoles relève "les dotations importantes visant à rattraper les déficits des départements caractérisés par de grands centres urbains (Seine-Saint-Denis, Bouches-du-Rhône, Rhône, Loire-Atlantique, Gironde, Val d’Oise, Essonne, Nord…) et de certains DOM (Mayotte, Guyane, Réunion)". La Seine-Saint-Denis gagne en effet 503 postes (pour un effectif d'élèves qui augmentent de 2.227), les Bouches-du-Rhône en gagnent 215 (+ 1.895 élèves), l'Hérault 206 (+1.258), le Rhône 200 (+1.574 élèves), la Loire-Atlantique 172 (+1.118 élèves), la Gironde 123 (+1.578 élèves), le Val d’Oise 220 (+2.000 élèves), l'Essonne 161 (+1.645 élèves), Mayotte 110 (+733), la Guyane 100 (+119)... Le Nord gagne 89 postes, alors qu'il perd 952 élèves, c'est aussi le cas de la Réunion (+80 postes, -370 élèves), mais aussi de la Somme (+35, -496), de l'Aisne (+30, -535)...

Les conventions "ruralité" à l'œuvre

Mais le SNUipp anticipait aussi, fin janvier, "des opérations de carte scolaire tendues", du fait de "l’ampleur des besoins des départements". Il notait par exemple que "neuf départements ruraux touchés par la baisse démographique continuent à perdre des postes : Ardennes, Ariège, Aveyron, Haute-Marne, Lot, Mayenne, Nièvre, Haute-Saône, Sarthe" et que "d'autres, au profil similaire, ont vu leur dotation gelée, dans le cadre d’une 'convention ruralité' signée par les élus et l’administration". C'est le cas du Cantal (108 élèves), des Hautes-Pyrénées (-66), du Gers (-80), de la Creuse (-190), de la Corrèze (-296)...
Signalons que le Lot a signé une convention ruralité (ou "protocole ruralité") sur la période 2015-2017, prévoyant non pas le gel de sa dotation, mais une moindre réduction des postes (voir notre article du 5 février 2015). En l'occurrence, le Lot perd 6 enseignants pour un effectif en diminution de 155 élèves. C'est aussi le cas de l'Ariège, qui perd un enseignant (-59 élèves). Les Pyrénées-Atlantiques, qui n'ont pas encore signé de convention mais dont le texte a déjà été proposé aux élus, ne perdent ni ne gagnent de postes, malgré une baisse de 249 élèves. Et puis "gel" ne signifie pas qu'il n'y a pas de fermetures de classes (ce peut tout à fait être le cas avec un redéploiement des postes vers d'autres écoles situées dans des territoires en croissance démographique).

Critère territorial

Pour rappel, la contrepartie de ces protocoles est la promesse des associations départementales des maires à préparer des regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI), c'est-à-dire à fermer des écoles au terme de la durée du protocole.
Rappelons également que depuis la réforme des dotations, présentée fin 2014 par Najat Vallaud-Belkacem, la répartition des postes d'enseignant dans le premier degré tient compte de trois critères : le nombre d'élèves, mais aussi dorénavant le revenu des familles et les caractéristiques des territoires (voir notre article ci-contre du 17 décembre 2014).
Ce troisième critère était présenté à l'époque avec l'idée qu'à nombre égal d'élèves, les territoires "ruraux" seraient mieux dotés que les territoires "urbains". Il semblerait aujourd'hui que cette prise en compte soit conditionnée par la signature d'un protocole rural, cet outil validé par le comité interministériel Ruralités de Laon (voir notre article ci-contre du 16 mars 2015) et qui "permet de compenser tout ou partie des effets de la démographie par des réorganisations du réseau des écoles, en lien avec les élus locaux", dixit l'Education nationale. Ou qui constitue un "chantage inadmissible", comme le pense l'Association des maires ruraux de France.
Valérie Liquet
Echos des répartitions de postes dans la presse quotidienne régionale
Depuis le début du mois de février, la presse quotidienne régionale rend compte et fait les comptes des postes gagnés, des postes perdus, des négociations et des pressions, pour les postes dans le premier et parfois aussi dans le second degré.
 
Source : http://www.localtis.info publié le 11 février
 
Revue de presse non-exhaustive.
 
 
 
 

mardi 9 février 2016

L'évaluation, une arme redoutable dans le débat toujours vif sur les rythmes scolaires

   
Les élus de France urbaine demandent au ministère de l'Education nationale de conduire avec les collectivités locales une évaluation des nouveaux temps scolaires, et au ministère en charge de la jeunesse et des sports une évaluation des temps périscolaires induits par la réforme des rythmes. Dans certaines communes "Hamon", on prépare les évaluations des expérimentations et les arguments pour leurs éventuelles reconductions.
 
Il était, en mai 2015, "encore trop tôt pour mesurer scientifiquement le bénéfice des nouveaux rythmes sur les apprentissages scolaires", estimait Najat Vallaud-Belkacem lors du point d'étape sur la réforme des rythmes scolaires. La ministre de l'Education nationale avait alors annoncé la mise en place de protocoles d'évaluation à la rentrée 2015 et la commande de deux travaux de recherche (*). Mais aujourd'hui, c'est une "évaluation de la réforme des rythmes scolaires entre les collectivités locales et le ministère de l'Education nationale" que demandent les élus de France urbaine, l'association née de la fusion de l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) et de l'Association des communautés urbaines de France (Acuf).
Une évaluation conjointe dont l'objet ne semble pas a priori totalement bienveillant. Le but étant bien, "à l'issue d'une étude approfondie" de "discuter de l'efficacité réelle et de la pertinence de la réforme des rythmes scolaires, dont les difficultés de mise en œuvre et les coûts ont grevé l'action des collectivités déjà largement obérée par la baisse des dotations".

Une mise en perspective "dans un contexte de diminution de la ressource publique"

Plus précisément, "l'objectif serait de mettre en perspective, dans un contexte de diminution de la ressource publique, les moyens mis en œuvre par les collectivités au regard de l'amélioration des performances scolaires attendue par la réforme", expliquent-ils dans un communiqué. Il s'agirait "d'examiner les impacts de la réforme sur le fonctionnement et l'organisation des écoles tout en distinguant le cas de la maternelle de celui de l'élémentaire. Ce serait également l'occasion d'apprécier l'impact en terme de fatigue tant auprès des enfants que des parents. L'évaluation des coûts serait évidemment nécessaire, en plus de celle des résultats scolaires, étant rappelé que la réforme a pour ambition d'offrir aux enfants les meilleures conditions d'apprentissage".
Sur la question des temps périscolaires, les élus de France urbaine invitent le ministère en charge de la jeunesse et des sports (pour l'heure celui de Patrick Kanner) au même exercice. Ils souhaitent pouvoir conduire avec lui "une étude de l'impact sur l'organisation pédagogique et organisationnelle (recrutements, qualifications...) des temps périscolaires ainsi que sur l'activité des associations partenaires de l'école".

L'évaluation "ne pourra se faire que sur un temps suffisamment long"

Le hasard de calendrier avait mis en exergue, le 6 novembre dernier, le grand écart entre les coûts de la réforme déjà supportés par les collectivités et la question de son efficacité qui n'avait pas encore fait ses preuves faute, justement, d'évaluation (voir notre article ci-contre du 9 novembre 2015). La publication ce jour-là des résultats de l'enquête Cnaf/AMF sur les nouveaux temps périscolaires à la rentrée 2014 faisait apparaître un coût moyen de 223 euros brut - c'est-à-dire avant les aides de l'Etat et des CAF et hors dépenses d'investissement - par an et par enfant inscrit en NAP (nouvelle activité périscolaire).
C'était aussi ce 6 novembre que la présidente du comité national de suivi de la réforme des rythmes éducatifs, Françoise Moulin Civil, rectrice de l'académie de Lyon, avait remis son rapport sur l'évaluation des rythmes. Elle avait certes listé des "premiers effets" positifs tels que "une meilleure attention de la part des enfants", "une qualité accrue des apprentissages", "une réorganisation du temps scolaire plus équilibrante". Mais ceux-ci reposaient sur quelques témoignages et non pas sur une étude de grande échelle. Françoise Moulin Civil recommandait alors "une évaluation pédagogique qui tienne compte des effets de la réforme sur les apprentissages", reconnaissant que "celle-ci, forcément, ne pourra se faire que sur un temps suffisamment long". Apparemment, les élus locaux estiment que le temps est venu. Et ils veulent y être associés.
Valérie Liquet
 
(*) L'un sur la fatigue des enfants, l'autre sur l'arbitrage des femmes actives entre temps de travail et temps de modes de garde.
Des communes se préparent à évaluer leurs expérimentations "Hamon"
Sur le terrain, certaines communes ayant choisi d'expérimenter, dans leurs écoles maternelles et élémentaires, une des organisations des rythmes scolaires permises par le décret "Hamon" du 7 mai 2014 (*) préparent leur évaluation. L'enjeu est d'autant plus important pour celles qui souhaitent reconduire l'expérimentation, car le recteur pourra tout à fait décider de ne pas la prolonger.
Il s'agit des communes ayant lancé l'expérimentation "Hamon" pour un an à compter de cette rentrée 2015, ou durant deux ans à compter de la rentrée précédente. Le décret prévoit en effet que les expérimentations peuvent être conduites sur un an, deux ans, ou trois ans maximum ; et que six mois avant l'achèvement de l'expérimentation, le recteur doit transmettre au ministre de l'Education nationale l'évaluation de chacune des expérimentations conduites dans son académie.
Les communes doivent en discuter, dossier à l'appui (avis du conseil d'école, enquêtes de satisfaction auprès des enseignants, des parents et/ou des personnels de mairie...) dans le cadre du comité de pilotage départemental mis en place par les recteurs et présidé par les Dasen (directeurs académiques des services de l'Education nationale). Le ministre Hamon avait bien précisé aux Dasen, dans la circulaire qui avait suivi son décret, que "ce comité s'entoure des compétences utiles à une évaluation centrée sur la qualité des apprentissages des élèves". Il s'agira, dans la plupart des cas, d'évaluer la pertinence d'avoir regroupé les activités périscolaires sur une seule après-midi de la semaine, au regard des apprentissages des élèves durant le temps scolaire (et en aucun cas de la qualité des activités périscolaires, de la satisfaction des enfants, ni des parents, ni des enseignants, ni des agents municipaux...)
V.L.
(*) Pour mémoire, le décret permet de regrouper les activités périscolaires sur une seule après-midi et/ou de réduire le nombre d'heures d'école par semaine et répartir ces heures sur les vacances scolaires (voir notre article Rythmes scolaires : tout sur le décret "Hamon" du 13 mai 2014).