lundi 12 mai 2014

Hamon met au défi les maires contre sa réforme des rythmes scolaires.

Source : BFMTV lundi 12 mai
http://www.bfmtv.com/video/bfmtv/politique/hamon-veut-aider-communes-difficultes-rythmes-scolaires-12-05-196275/

Interview du président de l'Associations des Maires Ruraux de France

Rythmes : les enseignants doivent « cesser de raisonner en fonction de leur confort »


Le ministre de l'éducation nationale, Benoît Hamon, a annoncé, vendredi 25 avril, la publication en mai d'un décret complémentaire à celui du 24 janvier 2013 – dit décret Peillon – sur l'aménagement des rythmes scolaires.
Le ministre de l'éducation nationale, Benoît Hamon, a annoncé, vendredi 25 avril, la publication en mai d'un décret complémentaire à celui du 24 janvier 2013 – dit décret Peillon – sur l'aménagement des rythmes scolaires. | AFP/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France et maire (MoDem) de Gargilesse-Dampierre (Indre), détaille les difficultés rencontrées par les élus ruraux pour la mise en place de la réforme des rythmes scolaires.

Le Monde : Vous avez rencontré, lundi 5 mai, Benoît Hamon, ministre de l'éducation nationale, pour rappeler les difficultés des élus ruraux à appliquer la réforme des rythmes scolaires. Des voix se font entendre à droite pour repousser la mise en place la loi. Faut-il temporiser ?
Vanik Berberian : La réforme des rythmes scolaires est une nécessité, c'est un élément essentiel de la refondation de l'école. Il ne faut pas s'arrêter à des réactions de récupération politique comme celle des « gilets jaunes » qui ne sont pas dignes de l'enjeu. La majorité des élus ont conscience qu'il faut travailler et tenir ce projet. Toutefois, ils doivent également gérer le principe de réalité qui se pose à tous et nous avons demandé au ministre qu'il donne encore du temps aux collectivités pour mettre en place cette réforme, car les conditions ne sont pas les mêmes partout.

Du temps, c'est également ce que demande l'UMP par le biais d'un moratoire...
Comme Benoît Hamon, je suis opposé à l'idée de mettre en place un moratoire. C'est le meilleur moyen de repousser d'encore trente ans cette réforme nécessaire. Mais contraindre les élus en leur fixant une date limite n'apporte aucune solution aux problèmes auxquels les maires ruraux doivent faire face.

Quels sont ces problèmes ?
Il est difficile de trouver un personnel d'encadrement formé, particulièrement pour des périodes très courtes. Cette réforme pose aussi des problèmes financiers, car il faut pouvoir rétribuer le personnel encadrant. Elle entraîne également des difficultés matérielles : de nombreux villages n'ont pas de locaux pour accueillir les enfants et mener des activités. Sans compter les tensions avec le personnel enseignant qui n'a pas très envie de laisser les salles de classe aux élèves lors des périodes d'activités périscolaires.

Les enseignants sont-ils un frein à la mise en place de la réforme ?
Ils doivent être associés à la mise en place des temps périscolaire, mais ils doivent également cesser de raisonner en fonction de leur confort personnel. Aujourd'hui, les enseignants pétris de certitudes ne supportent pas qu'une suggestion soit apportée à leur projet pédagogique.

Qu'ils soient élus ruraux ou présidents de métropole, les maires demandent à l'Etat le maintien d'une aide financière. Dans cette période d'austérité budgétaire, les communes ne peuvent-elles pas financer seules les temps périscolaires ?
Le gouvernement doit savoir ce qu'il veut. Encore une fois, il met la charrue avant les bœufs. Les villes se livrent à une surenchère d'équipement pour être toujours plus attractives que leurs voisines, les travaux d'aménagement sont omniprésents pour répondre à une concurrence effrénée. La déperdition de moyens est grande dans cette rivalité. Est-ce la priorité ? Il faut plus de péréquation entre les communes et accompagner celles qui ont le moins de moyens.

En ouvrant la porte à des aménagements de la mise en place de la réforme, Benoît Hamon n'a-t-il pas ouvert la boîte de Pandore dont vont surgir tous les « antis » ?
Benoît Hamon s'est rendu compte que la situation était intenable pour de nombreux élus. La mise en place était impossible. La majorité des maires qui n'ont pas aménagé les rythmes pour des raisons politiciennes avant les élections municipales de 2014 sont très minoritaires. De nombreux maires ne sont simplement pas en mesure de le faire et ils ont conscience que c'est un sujet sur lequel ils doivent travailler.

Eric Nunès Journaliste
Source : Le Monde.fr  du 06.05.2014

Rythmes scolaires : les questions qui fâchent.

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Les rythmes scolaires posent - 25346599.jpg


  À une poignée de semaines de la fin de l’année, la réforme a du mal à se concrétiser. Parents, communes et clubs sportifs ont encore du pain sur la planche pour organiser l’emploi du temps de septembre La semaine à 4,5 jours a du mal à se concrétiser. À un mois et demi des vacances scolaires, un certain nombre de parents se disent encore dans le flou le plus total, ne sachant pas quels vont être l'an prochain les horaires de l'école de leur enfant. Ni quels types d'activités périscolaires leur seront proposées, gratuites ou payantes, en quels lieux etc. « Les informations n'arrivent pas »,s'alarment les familles. Mêmes incertitudes concernant les clubs de sports ou les rendez-vous culturels du mercredi matin, qui devront être déplacés à un autre moment. « On y travaille »,lâche-t-on, laconiquement, du côté des responsables sportifs.
 
Panique
 
Des difficultés d'organisation que ne nie pas la principale fédération de parents d'élèves (la FCPE), laquelle défend mordicus la réforme Peillon-Hamon. Explications de la présidente varoise Patricia Bouglet : « Les parents comme les élus ont attendu les élections municipales. La plupart des maires (pas tous), se sont dits : si je repasse, je verrai bien. Si je suis battu, je refile le bébé au suivant ».Pour le coup, une majorité de communes n'ont pas lancé de concertation avec les familles et les associations. Et, conséquence, les parents, ne voyant rien arriver, en ont conclu que peut-être, la réforme ne passerait pas. « Et tout le monde a perdu beaucoup de temps. Maintenant que chacun s'aperçoit que les nouveaux rythmes vont être appliqués, c'est un peu la panique »,poursuit Patricia Bouglet. Car elle en est convaincue, en dehors de quelques aménagements, le ministre de l'Éducation nationale Benoît Hamon ne reviendra pas en arrière. Même en criant haut et fort leur mécontentement, les élus seront donc obligés d'ouvrir leurs écoles cinq jours par semaine, dont le mercredi matin, rappelle-t-elle. Libre à eux, ensuite, de ne pas organiser d'activités périscolaires après les cours, à 15 h 45. Ou de proposer simplement de la garderie. Malgré les hésitations et les incertitudes dans la mise en route de cette réforme, Patricia Bouglet demeure optimiste : « Il reste encore le temps de s'y atteler. Avec de la bonne volonté de part et d'autre, on peut y arriver », assure-t-elle. Sa fédération est prête à donner un coup de main pour plancher sur des organisations, trouver les bonnes adresses…
 
Abrogation
 
Quant au bilan des treize communes déjà passées à la semaine de 4,5 jours, la responsable associative s'agace des critiques : «il y a des endroits où ça marche, d'autres moins. Il faut arrêter avec cette histoire de gosses crevés. Tous les témoignages ne vont pas dans ce sens. Si on veut que les enfants acceptent un nouveau rythme, il faut que les parents y adhérent aussi. » Un raisonnement exactement inverse de ceux des « gilets jaunes » (1), ces gens opposés à la réforme regroupés dans un collectif. Maintenant qu'on est presque entré dans le vif du sujet, plus que jamais, « on voit que ça ne marche pas. C'est donc l'abrogation, point barre. Et on est sur la bonne route »,martèle Céline Fabre, porte-parole du mouvement. Alors, pas question pour les « gilets jaunes » de mettre en place les cours de danse ou de peinture du soir. Ils campent sur leur position. C'est dit, la réforme se fera sans eux.
 
1. Les « gilets jaunes » du Var et des Bouches-du-Rhône manifestent samedi 17 mai, à 14 heures, sur le Vieux-port de Marseille.
Catherine Aubry (caubry@varmatin.com)

Source : VarMatin, publié le lundi 12 mai 2014 à 07h10