jeudi 15 mai 2014

Rythmes scolaires : pour les maires de France, le 6 juin, c'est trop tôt

Benoît Hamon a annoncé hier sur i>Télé qu'après le 6 juin, l'Etat orga­ni­sera lui-même les rythmes sco­laires dans les com­munes n'ayant pas remis à temps leur pro­jet. Le pré­sident de l'AMF réagit.

Interrogé hier sur i>Télé, le ministre de l'Education natio­nale a indi­qué qu'il n'y aurait aucun report pos­sible pour la réforme des rythmes sco­laires. Toutes les com­munes devront bien l'appliquer à la ren­trée pro­chaine. Celles qui refu­se­ront de pré­sen­ter leur pro­jet pour sa mise en place au 6 juin, date butoir, se ver­ront fixer son orga­ni­sa­tion par l'Etat.
A ce jour, d'après le ministre, 94% d'entre elles sont prêtes pour la ren­trée de sep­tembre, et 6% ren­contrent des dif­fi­cul­tés. Ces der­nières pour­ront béné­fi­cier d'une aide finan­cière et de la pos­si­bi­lité de regrou­per sur une demi-journée heb­do­ma­daire de 3h les acti­vi­tés péri­sco­laires. Un décret a été publié en ce sens le 8 mai.
Jacques Pélissard, pré­sident de l'AMF, l'association des maires de France, a réagi hier sur AEF aux pro­pos du ministre : pour lui, "dire que pas­sée la date du 6 juin, c'est l'Etat qui choi­sira l'organisation du temps sco­laire, c'est [avoir] une approche un peu curieuse de la concer­ta­tion et du par­te­na­riat de l'Etat avec les com­munes". Il estime que ce délai est trop court, et déplore qu'à ce jour, le mon­tant exact de l'aide accor­dée aux com­munes par le ministre dans le cadre de la pro­lon­ga­tion du fond d'amorçage pour la mise en place des nou­veaux rythmes, soit inconnu.

Source : www.vousnousils.fr l'e-mag de l'éducation publié le 14 mai 2014

Lyon bis : organise la réforme des rythmes scolaires à sa sauce

Gérard Collomb, pendant la campagne pour les municipales, le 23 février.

Gérard Collomb, pendant la campagne pour les municipales, le 23 février. (Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)

La troisième ville de France a décidé de regrouper les activités périscolaires le vendredi après-midi, un assouplissement prévu par le nouveau ministre Benoît Hamon, mais réservé en théorie aux communes rurales.

La mauvaise nouvelle pour les parents d’écoliers lyonnais, c’est qu’ils vont devoir payer pour que leurs enfants bénéficient des activités périscolaires voulues par l’ex-ministre de l’Education Vincent Peillon : entre 2 euros et 19 euros par mois selon le quotient familial. Une somme beaucoup plus élevée que celle annoncée par Gérard Collomb – entre 10 et 20 euros par an – avant la campagne pour les municipales. Le maire PS de Lyon expliquait alors que l'enseignement obligatoire et gratuit s'arrêtait pour lui à 16h30, la suite, dont les activités périscolaires, étant facultative. Reste qu'il s'agit bien d'une entorse à la règle de la gratuité promise à l’origine par l’ancien ministre.
La bonne nouvelle – reste à voir avec les familles et les chronobiologistes de le dire – c’est que les activités périscolaires seront regroupées sur une seule demi-journée, le vendredi après-midi, de 13h30 à 16h30. S'ajoute par ailleurs une matinée de classe supplémentaire le mercredi matin, de 8h30 à 11h30. Les autres jours de la semaine, l'école se terminera à 16h30 comme aujourd’hui.
Ce nouvel emploi du temps entrera en vigueur à la rentrée prochaine, Gérard Collomb n'ayant pas souhaité appliquer la réforme en septembre 2013. Anne Brugnera, l’adjointe au maire de Lyon déléguée à l’éducation, qui a rendu publique cette organisation ce mercredi, a expliqué que la solution de répartir les activités sur une base quotidienne de 45 minutes par jour les lundis, mardis, jeudis et vendredis, avait été étudiée mais écartée. Selon elle, ce laps de temps était trop court pour proposer des activités intéressantes, et ne permettait pas de sortir de l’école. «Il aurait été très difficile de recruter des animateurs pour 45 minutes de temps périscolaire, tandis qu’avec les vendredis après-midis nous pourrons proposer de vraies activités, avec un directeur de centre de loisirs par groupe scolaire. Il y aura un gain qualitatif très important», a-t-elle ajouté.

«Assouplissements adaptés»

Avec cette organisation, la ville de Lyon, ne prend-elle pas des libertés avec le décret publié par Benoît Hamon, le remplaçant de Vincent Peillon à l’Education nationale ? Ce texte prévoit en effet «des assouplissements adaptés aux réalités locales qui le nécessitent». «Le décret était pour les villes rurales qui rencontraient le plus de difficultés», explique Anne Brugnera. Mais de quelle réalité locale Lyon, la troisième ville de France, s'est-elle prévalue pour bénéficier de ce régime dérogatoire par rapport à la loi ?
D’après l’entourage de Gérard Collomb, le maire de Lyon ne serait pas pour rien dans la publication du décret Hamon. Et la moindre des politesses était donc qu’il en bénéficie. Cette nouvelle organisation doit être maintenant présentée et adoptée par les conseils d'école, puis recevoir le feu vert du directeur académique des services de l'éducation nationale du Rhône.
Pour la ville de Lyon, le prix de cette réforme ne sera finalement pas si élevé. Anne Brugnera évalue son coût total à 15,9 millions d’euros en année pleine, auxquels il faut soustraire les 3,6 d’aides de la Caisse d’allocations familiales, 3 millions à la charge des familles et 1 million de l’Etat (jusqu’à 2015 seulement). Reste donc 8,7 millions d’euros pour la ville. En tout, 1 600 animateurs seront mobilisés, dont 700 restent à recruter pour la rentrée. La municipalité lyonnaise évalue le taux d’adhésion des familles à 60% en maternelle et 75% en primaire.
 
Catherine COROLLER correspondante à Lyon
 
Source : Libération du 14 mai 2014

Lyon : un scénario décevant


«Un scénario décevant»

L'organisation présentée par la mairie ne fait pas l'unanimité

Après des mois d'attente, les Lyonnais commencent à y voir plus clair sur la future semaine d'école de leurs enfants. Une organisation dévoilée mercredi par la mairie qui, déjà, suscite des critiques, tant la proposition retenue paraît éloignée de l'objectif initial de la réforme des rythmes. A savoir, alléger les journées de l'enfant et concentrer le temps scolaire sur des moments où il est le plus attentif. Dès la rentrée, les 34 000 écoliers conserveront en effet les mêmes horaires qu'aujourd'hui du lundi au jeudi.

Périscolaire le vendredi

Ils auront également classe le mercredi de 8 h 30 à 11 h 30 et les trois heures d'activités périscolaires seront regroupées le vendredi, de 13 h 30 à 16 h 30. «Regrouper les activités le vendredi plutôt que sur 45 minutes chaque soir nous permet une mise en œuvre plus facile pour mobiliser les associations et proposer des contrats intéressants aux animateurs. Cela offre beaucoup plus d'activités de qualité possibles à l'intérieur et en dehors des écoles», a indiqué Anne Brugnera, adjointe aux Affaires scolaires. Des arguments qui n'ont pas encore réussi à convaincre tout le monde. «C'est un scénario décevant. On n'est plus tellement dans l'esprit de la réforme. Les horaires ne sont pas allégés, le périscolaire est regroupé sur un seul bloc le vendredi. Et on demande aux familles de payer. Nous ne sommes pas dans le schéma ambitionné pour une ville comme Lyon», a regretté mercredi Cécile Bourrel, secrétaire générale de la FCPE du Rhône. Le chef de file de l'opposition, l'UMP Michel Havard, a également raillé l'organisation choisie par le maire PS de Lyon. «Gérard Collomb a décidé d'imposer une solution passe-partout, sans imagination, simple inversion des mercredis matins et vendredis après-midis. Une solution sans innovation qui ne prend pas en compte l'intérêt de l'enfant et les vœux des communautés éducatives». «L'enfant va passer encore plus de temps à l'école et les familles vont en plus devoir payer un supplément. Tout ça pour ça», a ajouté le président du groupe UDI Apparentés, Denis Broliquer.

Elisa Riberry

■ Un périscolaire facultatif plus cher que prévu

Les parents, qui, dès juin, pourront inscrire leur enfant aux parcours périscolaires facultatifs (sport, activités culturelles et scientifiques) proposés à la rentrée aux élèves, payeront entre 2€ et 19 € par mois par enfant (en fonction du quotient familial). Un coût plus élevé que les 10 € à 20 € annuels annoncés par Gérard Collomb pendant les Municipales
 
Source : 20minutes du 15 mai 2014