mercredi 30 juillet 2014

Rythmes scolaires : "nous n'appliquerons pas la réforme à la rentrée 2014"

Trente-deux maires ont annoncé ce 11 juillet, lors d'une confé­rence de presse, qu'ils ne met­tront pas en place la réforme des rythmes sco­laires à la ren­trée 2014. Parmi eux Christian Schoettl, maire de Janvry, dans l'Essonne. Interview.
© RVNW — Fotolia.com

Pouvez-vous pré­sen­ter le sujet de la confé­rence de presse du 11 juillet ?

Nous étions 32 maires de l'Essonne et du Val-de-Marne, ras­sem­blés pour expli­quer pour­quoi nous n'appliquerons pas la réforme des rythmes sco­laires à la ren­trée 2014. Nous avons pré­senté un mani­feste, qui sera adressé à Benoît Hamon, repre­nant nos reven­di­ca­tions et les rai­sons pour les­quelles nous n'ouvrirons pas nos classes le mer­credi 3 sep­tembre, mer­credi de la ren­trée.

Pourquoi rejetez-vous la réforme des rythmes scolaires ?

Parce que nous n'avons ni les locaux, ni le per­son­nel, ni les moyens de la mettre en œuvre. Pour les com­munes comme Yerres, ça repré­sente envi­ron 550 000 euros, elles sont inca­pables de déga­ger une telle somme ! Si encore l'expérience de cer­taines com­munes en cours avait prouvé que la réforme avait un inté­rêt pour le cur­sus sco­laire des enfants, on aurait pu se « sai­gner » finan­ciè­re­ment, car l'argument finan­cier ne doit pas être le seul. Mais ce n'est pas le cas.
Cette réforme oublie en plus l'ensemble des enfants han­di­ca­pés qui fré­quentent l'Ecole de la République, qui ne sont pas concer­nés par le péri­sco­laire. Et qu'en est-il des per­son­nels de santé, ortho­pho­nistes, psy­cho­logues, qui reçoivent les enfants le mer­credi et ne tra­vaillent pas le samedi ? Certains enfants seront obli­gés de rater l'école le mer­credi pour pou­voir s'y rendre.
Il fau­dra aussi m'expliquer pour­quoi M. Hamon accepte que la Guyane ne béné­fi­cie pas de la réforme. C'est une inéga­lité de ter­ri­toire et de trai­te­ment qui n'est pas sérieuse.

Vous avez déposé un recours au Conseil d'Etat pour faire abro­ger le décret. Où en est votre action ?

Elle repré­sente l'un de nos espoirs majeurs. Nous avons lancé deux pro­cé­dures : une au Conseil d'Etat, donc, et une au tri­bu­nal admi­nis­tra­tif. Pour le Conseil d'Etat, nous avons reçu au mois de mai la réponse de l'Education natio­nale, qui dit en sub­stance que cette réforme ne coûte rien aux com­munes. Donc nous avons rédigé un mémoire en réponse, que nous avons déposé il y a une semaine, et nous avons bon espoir que le Conseil d'Etat juge cette affaire dans le cou­rant du mois de juillet. Nous espé­rons égale­ment que le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif trai­tera notre cas au mois de juillet.
Juridiquement, si le Conseil d'Etat trouve que ce décret est légal, mal­heu­reu­se­ment... je ne dis pas qu'il ne me res­tera que mes yeux pour pleu­rer, mais ce serait déses­pé­rant ! Car je peux vous dire que les argu­ments de nos avo­cats sont extrê­me­ment sérieux. Si l'Etat n'a atta­qué que quelques déli­bé­ra­tions sur les quelques mil­liers qui ont été prises contre les rythmes sco­laires, ce n'est pas le fruit du hasard, c'est parce que l'Etat est extrê­me­ment inquiet sur la vali­dité juri­dique de ce décret.

Que risquez-vous si vous main­te­nez les 4 jours mal­gré l'interdiction ?

Le plus grand risque est que le maire soit sus­pendu par le pré­fet ou qu'il soit démis de ses fonc­tions. Vous pen­sez bien que ce n'est pas sérieux ! J'étais même prêt l'autre jour à me sus­pendre tout seul, à une grue par exemple, en disant « suspendez-moi » ! Le décret ne pré­voit aucune péna­lité, donc l'Etat est très désarmé. Dans ma com­mune nous avons eu une réunion avec les parents, et les choses sont claires, ils pré­sen­te­ront leurs enfants aux horaires que nous avons fixés. Et je ne sais pas ce que l'Etat peut faire.

Que proposez-vous alors pour rem­pla­cer la semaine de 4 jours, l'Académie de méde­cine ayant reconnu qu'elle était néfaste pour les enfants ?

Je ne suis pas du tout contre une réforme des rythmes sco­laires ! J'étais en confé­rence de presse il y a quelques semaines avec Claire Leconte, chro­no­bio­lo­giste, qui me disait que le décret Peillon, modi­fié Hamon, est une catas­trophe. Je pense qu'il aurait fallu avoir le cou­rage de sup­pri­mer des vacances sco­laires et d'étaler les jours.
Par exemple, cela a été refusé, mais la com­mune de Sceaux, à une époque, avait pro­posé de réduire un peu les vacances sco­laires et de faire venir les enfants 17 same­dis matin. Juste les same­dis matins « pour­ris », pour par­ler très mal. Ceux où il n'y a pas le pont de la Pentecôte, pas la fête des mères ou des pères, ceux du mois de jan­vier où l'on ne part pas en week-end... Les meilleurs rythmes sco­laires c'est les same­dis matins, tout le monde le sait, mais per­sonne ne l'a voulu, et l'Education natio­nale encore moins que les autres ! Je n'ai qu'un exemple, sur 196 com­munes, où le samedi matin a été accepté en Essonne. Alors que si on oppose l'argument de la chro­no­bio­lo­gie, il est évident que c'est le samedi matin qui doit être privilégié.
Plutôt que de s'occuper des rythmes, il fau­drait qu'il n'y ait pas 28 ou 30 enfants par classe, une par­tie des pro­blèmes de sco­la­rité serait résolue !
Elsa Doladille


Source :
http://www.vousnousils.fr/2014/07/21/rythmes-scolaires-nous-nappliquerons-pas-la-reforme-a-la-rentree-2014-554245
publié le 21 juillet 2014

NB : grâce au lien, vous pourrez lire les commentaires ... intéressant !

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