vendredi 24 janvier 2014

Le maire de Saint-Laurent est l’un des initiateur de la motion, mais aussi un pédagogue.

Limousin > Creuse > Saint-Laurent 12/10/13 - 06h00

Alain Clédière, maire.? - Photo Maryline Moimeau
Alain Clédière précise qu’en tant que fonctionnaire, ensiegnant en élémentaire en à Guéret, il s’interdit de juger les choix de cette ville.
« On épuise les maires ruraux pour précipiter les regroupements »
Almain Clédière, maire de Saint-Laurent, est l'un des rédacteurs de cette motion. Homme de gauche et enseignant syndiqué, il tient à clarifier sa position : « Cette motion est complètement apolitique et le syndicat des instituteurs, le Snuipp-FSU, n'a servi que de base logistique. »
Alain Clédière est enseignant en élémentaire à Guéret, il tient encore à préciser qu'en tant que fonctionnaire, il s'interdit de « juger les choix de la ville de Guéret »
n Pourquoi avez-vous attendu pour lancer ce débat au sein de l'assemblée des maires ? J'ai posé la question des rythmes scolaires il y a tout juste un an à l'Amac. On m'a répondu qu'elle n'était pas à l'ordre du jour.


« C'est le ryhtme familial qui perturbe » Dès le départ, j'ai pointé le problème du financement. Dans une commune comme Saint-Laurent, qui a une école de 85 élèves, les activités périscolaires représentent, à minima, un coût de fonctionnement de 12.000 euros par an. Où les trouve-t-on ? Cela représente 10 à 15 % de nos recettes fiscales. Ou l'on augmente les impôts ou cela diminue nos capacités d'investissement.
n En tant que pédagogue, n'êtes-vous pas convaincu de la nécessité de mieux respecter les rythmes chrono-biologiques de l'enfant ? Le ministre a dit que notre système éducatif se dégradait depuis vingt ans. Je ne conteste pas les résultats. Mais est-ce vraiment le temps scolaire qui est en cause ? Nous n'avons plus les mêmes enfants qu'il y a vingt ans. La vie familiale était alors plus préservée, plus harmonieuse. Les familles n'ont plus le même rythme de vie. On a des enfants qui se couchent de plus en plus tard, qui sont déposés très tôt dans les garderies parce que les deux parents travaillent […] De plus en plus d'élèves voient un orthophoniste. Les enfants sont quand même plus agités qu'autrefois, ils ont de plus en plus de sollicitations.
n Ne sont-ils pas toutefois plus fatigués par ces cinq jours d'école consécutifs ? On l'entend dire, effectivement. Mais au bout d'un mois, c'est abrupt. Il faut donner du temps au temps pour évaluer. On découvre l'école le mercredi matin, il n'y a aucun recul.
« Il y a déjà
de la musique
à l'école »
n Ne serait-il pas plus sage de revenir à la classe du samedi matin ? Des enseignants le préconisent. Mais la société n'en veut plus. En outre, le Conseil général a notifié aux communes qu'il n'assurera pas de transports le samedi matin. Il n'y aura pas non plus de ramassage après 16 h 30, ce la va limiter les possibilités d'activités périscolaires.
n N'êtes-vous pas sensible, en tant que pédagogue, à un recentrage du temps scolaire vers les apprentissages fondamentaux ? Il y a vingt ans, nous passions 27 heures hebdomadaires devant les enfants. En 2008, 2 heures ont sauté, Nous avions déjà la semaine de 4 jours, mais il y avait 12 jours de classes pris sur les vacances. C'est passé progressivement à 24 heures et cette réforme n'y change rien.
n Ces nouveaux temps périscolaires ne sont-ils pas une chance pour les enfants des milieux populaires ? Il faut rappeler tout de même que les enfants font déjà de la musique, des arts pratiques ou de l'histoire de l'art en classe ! Pour moi, c'est à l'éducation nationale d'assurer cette ouverture et de la financer, afin d'assurer une équité entre tous les enfants. Il faudrait réintégrer dans le temps scolaire les heures perdues depuis vingt ans.
n En tant qu'élu et en dehors du coût, quels problèmes les activités périscolaires vous posent-ils ? Dans une commune comme Saint-Laurent nous devrions avoir recours à cinq intervenants durant 45 minutes, quatre après-midi par semaine. Je ne peux pas demander à mon adjointe de venir tous les jours pour superviser ! Je crois qu'on va se rendre compte que ca va être très difficile à faire fonctionner.
n Mais la solution n'est-elle pas de mutualiser le service périscolaire par le biais des intercommunalités ? J'ai vu des maires désespérés. Personne n'ose l'affirmer mais en haut lieu on n'en veut plus des petites écoles et mêmes des petites communes. Peu à peu, on épuise les maires, on veut les forcer à lâcher prise et à choisir le regroupement. À Saint-Laurent, on a mis vingt ans à remonter notre école. On a une équipe stable, les parents jouent le jeu. Mais l'État verrait un bon 'il un regroupement avec Sainte-Feyre qui lui ferait gagner quelques postes.
n Est-ce que ça vous dérange que votre motion fasse un tabac à l'UMP ? Qu'un parti tente de surfer sur le désarroi général des maires, c'est inévitable.
n Pouvez imaginez que plusieurs rythmes scolaires cohabitent en creuse ? Bien sûr. Il faut juste qu'on offre aux communes rurales la possibilité d'appliquer un autre système. Et au bout de quatre ou cinq ans, on évalue.
Recueilli par J.R

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